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L'Alchimie du 15 août : Quand Marie, la Mère Divine et Sri Aurobindo rêvent d'un même Ciel

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    Admin
  • 14 août
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 août

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Il y a des dates dans le calendrier humain qui semblent chargées d'une électricité particulière, des portails où les mystères convergent. Le 15 août est l'une d'elles. Pour des millions de personnes, c'est le jour de l'Assomption, la célébration de Marie, mère du Christ, élevée corps et âme dans la gloire de Dieu. Mais si l'on tend l'oreille au-delà du son des cloches, on entend une autre résonance. Ce même 15 août, en 1872, naissait à Calcutta un homme qui allait proposer à l'humanité l'une des voies spirituelles les plus audacieuses du XXe siècle : Sri Aurobindo.


Hasard ou synchronicité ? Et si ces deux événements, apparemment si éloignés, n'étaient que les deux faces d'une même pièce, les deux versants d'une même montagne sacrée ? Pour le comprendre, il nous faut descendre dans les caves de l'âme, là où les anciens alchimistes travaillaient sur le Grand Œuvre, car c'est là, dans le secret des fourneaux, que se trouve la clé de ce double mystère.


Le Grand Œuvre : Transformer le plomb de l'existence


Oublions un instant les clichés. La véritable alchimie n'a que faire de l'or des banquiers. Son laboratoire est l'âme humaine, sa matière première est notre propre existence, et son but est la transmutation de l'homme lui-même.


L'alchimiste authentique part de la prima materia, la matière première. Ce n'est rien d'autre que notre condition ordinaire, ce que les textes nomment le « plomb ». C'est le poids de nos peurs, le chaos de nos pensées, la lourdeur de nos attachements, notre conscience fragmentée et endormie. Le travail commence par l'Œuvre au Noir, le Nigredo. C'est une phase terrible et nécessaire de dissolution. Il faut accepter de mourir à soi-même, de descendre dans ses propres enfers, d'affronter son ombre pour que la vieille structure se décompose. C'est une putréfaction symbolique, le retour au chaos originel.


De ce compost naît ensuite l'Œuvre au Blanc, l'Albedo. C'est la purification. L'âme, lavée par les larmes de la dissolution, commence à percevoir une lumière nouvelle, une pureté qu'elle avait oubliée. C'est une aube intérieure, une renaissance fragile mais réelle.


Enfin, vient l'apothéose : l'Œuvre au Rouge, le Rubedo. C'est l'union des contraires, le mariage du Roi (le principe spirituel, le Soufre) et de la Reine (le principe animique, le Mercure). La matière, entièrement purifiée, devient capable d'accueillir l'Esprit sans se consumer. L'esprit, à son tour, s'incarne pleinement dans la matière sans se perdre. De cette union naît l'Or Philosophal, l'être accompli, l'Homme-Dieu. La matière n'est pas anéantie, elle est glorifiée. Le plomb est devenu or.


L'Assomption de Marie : Le Grand Œuvre incarné


Regardons maintenant la figure de Marie avec cet œil alchimique. Elle n'est plus seulement un personnage de l'Évangile, elle devient l'archétype du vase parfait, de l'athanor où s'opère le mystère. En elle, le divin s'est uni à l'humain. L'Esprit a pris chair. C'est la première et la plus grande des opérations alchimiques.


Sa vie fut une traversée du Grand Œuvre. Le Nigredo, elle le vit au pied de la Croix, dans la nuit la plus noire de la souffrance d'une mère, acceptant la dissolution de toutes ses espérances humaines. L'Albedo, c'est sa pureté légendaire, cette blancheur qui reste intacte au cœur de la tourmente, cette foi qui devient la lumière dans les ténèbres.

Et l'Assomption ? C'est le Rubedo dans toute sa splendeur. C'est l'accomplissement final. Le dogme est d'une précision alchimique inouïe : Marie est élevée « corps et âme ». Son corps, cette part de matière, de plomb terrestre, n'est pas abandonné comme une dépouille inutile. Il est transmuté, spiritualisé, glorifié au point de devenir apte à la vie céleste. Le Ciel et la Terre, l'Esprit et la Matière, s'unissent parfaitement en une seule créature. L'Assomption est la promesse faite à toute l'humanité que notre destinée n'est pas la poussière, mais la transfiguration. C'est le Grand Œuvre achevé et manifesté.


Sri Aurobindo et la Mère : L'autre face du 15 août


Et c'est ici que la symphonie secrète du 15 août révèle son harmonie la plus stupéfiante. Sri Aurobindo, né en ce jour marial, n'a cessé de marteler une vérité qui fait écho, dans le langage de la philosophie indienne, au mystère de l'Assomption.


Contrairement à de nombreuses voies traditionnelles qui prônent une fuite du monde matériel (samsara) pour atteindre une libération individuelle (moksha), Sri Aurobindo propose une voie plus radicale : le Yoga Intégral. Son but n'est pas de s'échapper de la vie, mais de la transformer. Il ne s'agit pas pour l'esprit de monter au Ciel en laissant la Terre derrière lui, mais de faire descendre le Ciel sur la Terre.


Il nomme ce « Ciel » le Supramental (Supermind), une conscience-vérité divine qui, en descendant dans la matière, a le pouvoir de la transformer de l'intérieur, de la diviniser jusque dans ses cellules. C'est une alchimie à l'échelle cosmique. Le but n'est plus seulement de changer le plomb en or, mais de transformer la nature entière, de l'évolution inconsciente à une évolution consciente et divine.


Et comment s'opère cette descente ? Par l'action de la Mère Divine, la Shakti, la puissance créatrice et exécutrice du Divin. Pour Sri Aurobindo, cette force n'est pas une abstraction. Elle s'est incarnée en sa collaboratrice spirituelle, Mirra Alfassa, qu'il nommait simplement « La Mère ». C'est elle l'agent de la transformation, celle qui travaille dans le « plomb » de notre nature inférieure, dans l'inconscient, dans le corps, pour y préparer la venue du Supramental.


Le Yoga Intégral repose sur trois piliers qui résonnent étrangement avec la voie mariale et alchimique :

  1. L'Aspiration : Un appel ardent et constant vers le Divin. C'est la prière du cœur, le feu de l'alchimiste qui ne doit jamais s'éteindre.

  2. Le Rejet : Le refus de tout ce qui appartient à la nature inférieure (égoïsme, peur, désir...). C'est le Nigredo et l'Albedo, la dissolution du faux et la purification du vrai.

  3. La Soumission (Surrender) : La consécration totale de son être à la Mère Divine. C'est l'abandon de sa volonté propre pour laisser la Shakti agir en nous. N'est-ce pas là l'écho parfait du Fiat de Marie : « Qu'il me soit fait selon ta parole » ? C'est l'acceptation d'être le vase, l'athanor, dans lequel la Mère Divine réalisera son œuvre de transmutation.


Le Fil Rouge : La divinisation de la Matière


Le 15 août n'est donc pas un jour de hasard. C'est le jour qui célèbre, sous trois visages différents, une seule et même promesse vertigineuse : la matière n'est pas l'ennemie de l'esprit. Notre corps, notre monde, notre plomb ne sont pas une prison dont il faut s'évader, mais l'atelier sacré où se prépare notre divinisation.


L'alchimiste dans son laboratoire, Marie dans son Assomption, et Sri Aurobindo dans sa vision du Supramental nous disent la même chose : la véritable spiritualité ne rejette pas la Terre, elle la couronne.


Le fil rouge qui relie ces trois mystères est le rôle essentiel du principe Féminin Divin. La Reine alchimique, la Vierge Marie, la Shakti de la Mère... C'est toujours par Elle que passe la transformation. C'est Elle qui fait le pont entre l'Esprit infini et la matière finie, Elle qui tisse la chair du Divin.


Alors, chaque 15 août, que nos yeux se tournent vers une procession, vers une méditation silencieuse ou simplement vers le bleu profond d'un ciel d'été, nous sommes invités à prendre part à cette alchimie. Nous sommes invités à croire que dans le creuset de notre propre vie, par un travail patient de purification et un abandon confiant à cette force d'amour qui nous dépasse, notre propre plomb peut, un jour, aspirer à la gloire de l'Or. Le Ciel n'est pas seulement au-dessus de nous ; il attend de naître en nous.

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